"La révolution des ondes gravitationnelles", de Matteo Barsuglia. Editions DUNOD, collection "Quai des Sciences". Mai 2019. Pages : 200. Prix : 18,90 euros.

     Bien des choses de la théorie de la relativité générale d'Einstein avaient déjà, depuis longtemps, étés confirmées. Restaient les ondes gravitationnelles, normalement si faibles que seuls des événements extrêmes tels la fusion de trous noirs ou d'étoiles à neutrons pouvaient créer des perturbations de l'espace-temps, peut-être observables avec l'évolution instrumentale.
     Matteo Barsuglia nous raconte ici le cheminement de chercheurs, qui, à force de ténacité et de développements techniques, sont parvenus, le 14 septembre 2015, à détecter des variations de distance dues au passage de ces ondes, de l'ordre de 1 milliardième de milliardième de mètre entre deux miroirs séparés de 4 km !!! LIGO d'abord, aux USA, puis Virgo en 2017 en Europe, viennent donc d'ouvrir une nouvelle porte pour observer l'Univers. Jusqu'à ces dates récentes, les détections étaient uniquement indirectes, comme par la mesure de perte d'énergie de pulsars par exemple.
     Avantage de pouvoir détecter les ondes gravitationnelle ? Les télescopes optiques n'observent qu'une minuscule partie du ciel à la fois... alors que les détecteurs d'ondes gravitationnelles observent le ciel entier en même temps, et ces ondes traversent nuages et Terre comme s'ils n'existaient pas.
     Pas à pas, du début du XXeme siècle à un futur proche (nouvelles instrumentations au Japon et en Inde en 2023, puis dans l'espace peut-être en 2034), l'auteur nous plonge dans le monde passionnant et mystérieux de la physique, où la débrouillardise, la ténacité, l'espoir, la passion, se mêlent pour faire avancer notre connaissance de l'Univers. Imaginez la complexité qu'il faut affronter afin de mesurer des variations si minimes noyées dans les ondes sismiques terrestres, les vibrations dues au fonctionnement des instruments, à leur changement de température, etc. Heureusement c'est une collaboration internationale exemplaire qui a permis de tels résultats.
     Je noterai seulement une petite coquille (page 128, si la distance de la source est de 130 années-lumière, le voyage des ondes électromagnétiques et des ondes gravitationnelles ne peut pas être de 130 millions d'années. En réalité il faut ajouter "millions" à la distance), et une imprécision (page 124, concernant le GPS, il ne faut pas seulement tenir compte des variations de gravité, mais aussi de vitesse, entre les satellites et la personne sur terre, entre autres d'ailleurs...).

     Pour tous. Avec un langage simple, sans formule, l'auteur nous raconte l'aventure de la recherche du presque impossible ! Celle des ondes gravitationnelles, prédites il y a une centaine d'années, mais si fugaces que les scientifiques ont dû assembler patience, imagination et technologie de pointe pour les observer. Se lit comme un roman.