« La puissance invaincue des femmes », de Mona Chollet. Zones (Éditions La Découverte), novembre 2021 (1er tirage septembre 2018). Pages : 229. Prix : 18 euros.

Le phénomène des « sorcières », soit « subversives » (rebelles à la société établie) car hors normes, soit concurrentes des médecins, soit tout simplement âgées ou célibataires (indépendantes...), dangereuses donc, pourchassées, brûlées à certaines époques, est analysé ici du 15ème siècle à nos jours.

Les classes privilégiées ont d'abord été épargnées, et c'est dans les classes populaires que les assassinats (après tortures) étaient principalement effectués. Mais l'obscurantisme, les vengeances personnelles, les peurs répandues par l'église, ont rapidement étendu leurs mauvais effets dans toute la population, mais essentiellement féminine.

L'auteure s’appuie sur de nombreux récits historiques, mais aussi sur des cas actuels. Aujourd'hui il peut s'agir de pratiques spirituelles et/ou politiques (par exemple le « Witch Bloc » féministe et anarchiste qui a manifesté en 2017 contre la casse du code du travail à Paris et à Toulouse), mais aussi d'une « esthétique », ou d'une mode... et également d'un bon filon commercial !!!

Mona Chollet décrypte le pourquoi du harcèlement des femmes, comment le besoin de liberté est reconnu pour les hommes, mais suspect pour les femmes. Elle cite Gloria Steinem « Le dictionnaire défini « un aventurier » comme « une personne qui vit, qui apprécie ou qui recherche l'aventure », mais « une aventurière » comme une femme prête à tout pour acquérir de la richesse ou une position sociale. ». Le « jeunisme » est abordé, qui est depuis longtemps pour elles une priorité imposée (un homme mûr est respectable et sage, une femme âgée est « laide »...), mais aussi les femmes célibataires et ces « égoïstes » (!) qui ne veulent pas d'enfant (de plus, « tout le monde » sait bien que les sorcières dévorent des enfants durant le sabbat !!!).

Les présupposés sexistes et oppressifs ne datent pas d'aujourd'hui ! Au 19ème siècle « Les médecins et les pédagogues ont rapidement conclu que l'éducation supérieure pouvait être dangereuse pour la santé des femmes. Une croissance cérébrale trop soutenue, avertissaient-ils, atrophiait l'utérus » !!! Et, ainsi qu'indiqué plus haut, la « nature » faisait, et fait encore chez certain(e)s, qu'une femmes « normale » doit enfanter, alors celles qui ne le veulent pas sont certainement soumises au diable....

Des exemples actuels, assez terrifiants, sont donnés pour l'Afrique (avec des camps de « sorcières » au Ghana et en Gambie où 70% des femmes ont été accusées après la mort de leur mari). En Europe , les abus contres des femmes ne sont pas rares, certains chirurgiens proposent, paraît-il, aux étudiant(e)s de profiter de l'anesthésie des femmes pour s’entraîner (sans leur accord) à des touchers divers (sans compter les remarques courantes semble-t-il, de « corps de garde !).

Un très bon ouvrage, complet, féministe et objectif, pour comprendre nos sociétés... et les faire évoluer, si possible vite, vite, vite...