« voyage au cœur de la conscience animale », de Benoit Grison avec des illustrations d’Arnaud Rafaelian, Éditions Delachaux et Niestlé, mars 2025. Pages : 192. Prix : 22,90 euros.

Que de chemin parcouru depuis l’époque où l’être humain, en Occident, se considérait comme le sommet de la vie, l’exception dans la nature, le seul à avoir des sentiments et de la conscience. Cette vision était loin d’être partagée par les peuples premiers qui intégraient l’humain au même niveau que toute autre créature de la nature, y compris les végétaux.

Aujourd’hui encore, bien qu’il soit de plus en plus accepté que nous soyons nous même des animaux, l’auteur écrit : « En clair, plus une espèce est éloignée de la nôtre sur l’arbre du vivant, moins nous pouvons concevoir spontanément qu’elle puisse souffrir et être dotée de conscience. »

D’une manière générale l’évolution des neurosciences et l’analyse scientifique du comportement de nombreuses espèces non humaines nous a mené à redescendre de notre piédestal. Ainsi dès 2012 des scientifiques dans la « Déclaration de Cambridge sur la Conscience » estiment qu’« une convergence de preuves indique que les animaux non humains disposent des substrats neuro-anatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients ainsi que la capacité d’exprimer des comportements intentionnels... », et des chercheurs en 2024, zoologistes, biologistes, psychologues, … ont confirmé la chose en une « déclaration sur la conscience animale ».

Benoit Grison nous détaille ici des observations, des études, des anecdotes variées, montrant l’intelligence animale. Et pas seulement celle des plus classiques : dauphins, chimpanzés, corbeaux, éléphants, perroquets, chiens, chats, … mais aussi des abeilles, des fourmis, des crocodiles, … au point que l’on peut supposer que même les dinosaures utilisaient peut-être des outils ! (aucune preuve scientifique ne va néanmoins encore dans ce sens aujourd’hui).

Certains animaux semblent plus doués que d’autres, mais l’épreuve du miroir permet de détecter ceux qui ont une claire conscience d’eux-même. Le jeu peut être présent (des gorilles jouent à « chat », de jeunes femelles chimpanzé sans enfants jouent à la poupée, … avec la capacité de faire la différence entre jeu et réalité), l’utilisation d’outils est fréquente, certains se soignent avec des plantes, d’autres sont capables d’anticipation lointaine (cacher de la nourriture, la déplacer s’ils pensent avoir été vus), faire un deuil (éléphants), utiliser la nature « Les aborigènes d’Australie ont observé depuis longtemps que le milan noir, en cas de feu de brousse, se saisit de brandons pour aller propager l’incendie ailleurs : cela l’aide à débusquer des proies variées dont il se nourrit » écrit l’auteur.

Cet ouvrage nous montre ainsi la nécessité de respecter le monde animal (dont nous faisons partie sans en être du tout le sommet) comme le faisaient beaucoup de peuples premiers, y compris les chasseurs-cueilleurs qui remerciaient leurs proies de s’être données à eux afin qu’ils puissent manger... (mais ce n’est pas le sujet d’étude ici).