« Enquête sur le plus grand mystère du monde de l'art », de Vincent Noce, Editions Buchet . Chastel, collection « Essais Documents ». Février 2021. Pages : 280. Prix : 20 euros.

Plongée passionnante dans le monde de l'art, cette enquête de plusieurs années vaut bien tous les romans policiers ! … mais se termine par une interrogation puisqu'un procès est en cours en France, dont on ne peut préjuger de la conclusion.

Voici donc la longue histoire de Giuliano Ruffini (et, au final, du peintre Lino Frongia) qui se retrouve épluchée par Vincent Noce, journaliste spécialisée en culture et en art. Sont pointées les nombreuses négligences de « spécialistes » ou d' « experts », les contradictions, les avis bien tranchés non appuyés par des éléments vérifiés, etc.

Mais comment être certain de détecter un faux crée par un faussaire (ou par un copiste effectuant un travail personnel tout à fait légal, mais détourné de son objectif et revendu comme original par un commerçant peu scrupuleux) ? Avec les techniques scientifiques modernes, nous pourrions penser qu'un faussaire serait automatiquement trahi malgré ses propres méthodes elles mêmes de pointe (respect du style, cuisson pour obtenir des craquelures, etc). L'auteur nous cite l'avis du chercheur Danilo Bersani (Faculté de physique de Parme) « Mais à elles seules, les données scientifiques ne peuvent répondre à la demande de l'historien de l'art ou du restaurateur. Elles doivent être interprétées par celui qui détient la compétence historique et artistique. Par exemple, la découverte d'un pigment compatible avec l'époque ne constitue pas une preuve d'authenticité, car celui-ci a pu demeurer très longtemps en usage, ou, tout bonnement, être recréé dans les règles de l'art. »

Des millions d'euros sont en jeu, de grands musées (le Louvre, la National Gallery de Londres, …), des galeristes réputés, sont impliqués, montrant toute la difficulté pour eux (et pour le public) à faire la différence entre une œuvre ancienne attribuée de manière certaine à un grand artiste, et une œuvre, une « découverte » (donc connue seulement récemment) dont l'historique est mystérieux et qui risque bien d'être une falsification ! Mais la « beauté » d'une œuvre n'est-elle pas plus importante que l'attribution à tel(le) ou tel(le) artiste ?

Le monde de l'art est décidément bien compliqué ! Mais Vincent Noce sait nous tenir en haleine tout au long de son récit. Absorbant. Pour tous.