Sous la direction de Jacques Jaubert, Valérie Ferruglio et Nathalie Fourment. Editions confluences, novembre 2020. Pages : 212. Prix : 32 euros.

C'est pas à pas, presque centimètre après centimètre que les auteurs, préhistorien(ne)s, archéologues, archéozoologues, géoarchéologues, climatologues, et même physicien(ne)s, nous présentent la grotte ornée de Cussac (commune du Buisson de Cadouin), composée de 1,6 km de galeries encore plus ou moins explorées.

 

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Le petit village de Cussac, sur la commune du Buisson de Cadouin.

Image : Marie-Michèle Fourteaux

Découverte le 30 septembre 2000 par un spéléologue, Marc Delluc, elle se situe dans la vallée du Bélingou, non loin des rives de la Dordogne.

Dès le premier jour, l'objectif du découvreur, puis des scientifiques, a été de préserver le site et de ne l'explorer que par des méthodes non intrusives. Au final, il ne sera donc pas question d'ouvrir la grotte au grand public, mais plutôt de créer un espace dans lequel elle sera visible probablement en réalité virtuelle.

 

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A l'entrée de la grotte. Image : Marie-Michèle Fourteaux

Aux ours, qui l'on occupée entre – 49 000 et – 41 000 ans avant le présent (présence de nombreuses bauges parfois en dortoirs, de griffures sur les parois, quelques empreintes y compris d'oursons), ont succédé les êtres humains du Gravéttien, entre – 31 000 et – 28 500 ans (aucune fréquentation ensuite à partir de – 28 000 ans), laissant des traces de pieds, de mains, de glissades, de magnifiques gravures, des mouchages de torches, mais aussi quelques ossements humains (un adulte dans une bauge d'ours (les ours ne fréquentaient plus la grotte depuis longtemps!), des os partiels d'un adolescent et d'un adulte dans une autre bauge, un adolescent et au moins deux autres adultes). Cette grotte ornée a donc probablement servi aussi de sépulture (cela reste une hypothèse). S'y trouvent de nombreux tracés digitaux, de nombreuses gravures (à cause de la consistance du calcaire « à tendance finement gréseuse » sur de grandes surfaces homogènes, moins adaptée à la peinture). Bisons, chevaux, mammouths, représentations humaines, mais aussi sexes isolés (masculins ou féminins) sont largement présents. Et si certains panneaux semblent avoir été conçus pour être observés individuellement, d'autres étaient peut-être destinés à un groupe d'observateurs. Les auteurs nous indiquent « Dans Cussac, certains lieux, notamment ceux où se trouvent des palimpsestes, sont d'ailleurs particulièrement adaptés à la « performance » et à l'accueil d'un public y assistant. » (bien entendu il s'agit d'une simple hypothèse).

La température est presque stable (12,5°C), et comme la grotte a été isolée du monde extérieur (volontairement ou non) depuis 28 000 ans, la conservation des traces et ornements est excellente. Par contre, le taux en CO2 de l'atmosphère varie de 0,3 à 3,5 %, rendant parfois difficile l'exploration (fatigue, maux de tête,...), d'autant plus que la progression est parfois délicate, avec des passages imposés à genoux, de nombreuses stalactites et draperies... Des années seront encore nécessaires afin de « tout » connaître de cette grotte exceptionnelle, qualifiée de « Lascaux de la gravure ».

Un « beau livre », magnifiquement illustré, à avoir dans sa bibliothèque. Mais la précision de la description en fait surtout un ouvrage de référence pour les préhistoriens.