« L'émergence de la vie » de Stuart A. Kauffman. Editions Dunod, avril 2021. Pages : 197. Prix : 18,90 euros. Première édition Oxford University Press 2019. Traduction : Julien Bambaggi.

L'apparition de la vie... un grand mystère non encore résolu, même si les scientifiques commencent à bien en cerner les rouages.

L'auteur l'annonce dès le départ : « La thèse que je défends dans ce livre est que, s'agissant d'une biosphère en évolution, la nôtre ou n'importe laquelle dans l'univers, l'image de la « machine » est fausse. » Le vivant s'appuie bien entendu sur la physique, mais il va bien au-delà.

Tout d'abord, il faut intégrer certaines définitions générales : entropie, travail, énergie, équilibre, conditions aux limites, contraintes, etc. Ensuite seulement il est possible d'aborder la vie, des premières molécules organiques à l'ARN et à l'ADN, pour arriver aux grands organismes « évolué ». Plusieurs scénarios sont étudiés, mais la préférence de l'auteur va à celui de Damer-Deamer : des bassins peu profonds ayant des cycles d'humidité et d'assèchements permettant l'agrégation de protocellules, des molécules organiques nombreuses et diverses ayant d'abord été amenées par les comètes et les astéroïdes nombreux à bombarder la Terre des origines...

Ensuite, il analyse l'apparition de la possibilité de se mouvoir. Il défini l'évolution comme « impréconcevable ». « Non seulement nous ne savons pas ce qui va se produire, mais nous ne savons même pas ce qui peut se produire! »

Un intermède romancé vient ensuite afin de permettre aux néophytes de comprendre l'apparition des protocellules de manière simple, en résumant le propos scientifique précédent.

Stuart A. Kauffman nous indique que la vie semble faire, en quelque sorte, l'apologie du « système D ». La diversité étant essentielle à la biosphère « Plus les objets et les processus sont différents, plus il est facile aux créatures de bricoler, au moins quelque chose. » Et plus il y a de créatures, plus il y a de voies, plus il y a d'opportunités pour la vie.

Alors que la physique pré conçoit le monde physique, la vie est, elle, « impréconcevable : « Parce que nous ne pouvons écrire aucune loi décrivant l'émergence particulière que nous vivons, bien que nos fondations reposent sur la physique, nous nous situons au-delà. Le monde vivant n'est pas une machine. »

Le dernier chapitre aborde l'évolution de l'économie, que l'auteur met en parallèle avec l'évolution de la biosphère.

Un ouvrage très intéressant, mais qui pourra rebuter les tout débutants en science. Donc il est plutôt destiné aux passionné(e)s, qui y trouveront une vision moderne de l'apparition de la vie.