de Nathalie Quintane, La fabrique éditions, décembre 2020. Pages : 198. Prix : 13 euros.

Avec cette mise en page déroutante... on commence par se demander si c'est pour remplir plus de pages, ou à cause de l'utilisation d'un logiciel de traitement de texte fantasque, ou une erreur d'impression ! Bien entendu c'est tout simplement voulu. C'est l'aspect « poète » de l'auteure, par ailleurs professeure de lettres.

Elle nous fait le récit d'une vie à l'école comme élève, étudiante puis enseignante de collège, dans l’Éducation Nationale, avec un regard critique, social, souvent désabusé, mais également humoristique, qui nous tient en haleine tout au long de l'ouvrage.

D'abord élève dans le 93 puis dans le 95, Nathalie Quintane nous entraîne dans les quartiers défavorisés, dans les quartiers riches, à travers la fin des années 1970 et jusqu'à nos jours avec des changements plus ou moins profonds, ceux avortés, les idées qui refond surface aujourd'hui (les cantines de qualité par exemple), des essais de pédagogies « nouvelles » (aussi vite évanouies qu'arrivées...), les élèves, les profs, la hiérarchie, les parents...

On y trouve les pré-jugés de nos « élites » issues des prépas et des grandes écoles « Comme ils ont jamais appris des choses qu'à l'école ils s'imaginent qu'il y a que là qu'on peut apprendre et qu'il faut tout le temps être pédagogique avec les autres. », des anecdotes nombreuses et des situations ubuesques, l'application des petites marottes de certain(e)s qui vont, qui viennent « Je ne sais plus qui au ministère un beau jour a fait péter ça qui venait de son prédécesseur (en fait on racontait que ça venait de Carla la femme d'un président, Sarkozy, cette idée de l'histoire des arts au collège). », etc.

La vocation ! « A vue de nez mais sans trop me tromper et n'importe qui qui est allé à l'école pourra confirmer , je dirais qu'un prof sur cinquante a vraiment la vocation l'a vraiment eue, est inventif et toujours sur le pont. »

Sont abordés, en vrac, la sélection des élèves, le sentiments des profs globalement en politique (ils se sentent majoritairement « de gauche » mais leurs habitudes et leurs valeurs sont plutôt en réalité « de droite »), l'arrivée de l'informatique qui a tué l'humain, les contraintes de plus en plus présentes, l'éducation sexuelle édulcorée, le harcèlement, les notations, l'évaluation, ….

L'exemple de l'Université Paris VIII-Vincennes est intéressant, les étudiant(e)s étaient autrefois un mélange de « jeunes et de vieux (vieilles) » étudiant(e)s, alors que aujourd'hui les étudiant(e)s qui entrent ont majoritairement 17/18 ans... et on peut leur imposer des choses qui auraient été impossibles autrefois.

La conclusion est certainement que l'école ne peut pas tout, et que ses problèmes sont étroitement liés aux problèmes de la société. Un ouvrage très intéressant qui se lit d'un trait.