de Pierre Papon, CNRS Editions, septembre 2020. Pages : 326. Prix : 25 euros.
La science a-t-elle toujours la cote ? Avec la crise sanitaire en cours et les hoquets des experts et des politiques, on constate plutôt un recul de confiance quand ce n'est pas un rejet épidermique total du discours des « experts », mettant hélas en avant l'ère des post-vérités et des théories des complots de tous genres...
Par cet ouvrage, l'objectif de l'auteur est de redonner confiance en la science afin de pouvoir faire face au mieux aux crises qui arrivent, qu'elles soient écologiques, climatologiques ou pandémiques.
Comment se construit le savoir ? La « vérité » existe-t-elle ? « Plus prudemment, nous remarquerons que la science s'efforce d'établir une « vérité » souvent voilée, semblable à une poupée russe dont on découvre le contenu étape par étape, chacune des petites poupées révélant un nouvel aspect de la réalité, insoupçonné auparavant. »
La science avance avec des idées, bien entendu, et en utilisant des outils (observations avec de nouveaux instruments, expériences,...) nous explique Pierre Papon. Vérifications par les pairs, reproductibilité des résultats, permettent de passer au dessus d'erreurs et de biais dus par exemple, à des préjugés. Mais y a-t-il des limites à la science ? L'auteur précise « les objets de la science ne correspondent donc pas toujours à une réalité observable (...) » et les modèles utilisés ne sont qu'une simplification de la réalité. Ainsi, la science n'offre pas de solution à tout. La production du savoir est, dans ce livre, décortiquée, et ses liens avec les politiques, avec le grand public, avec la démocratie, sont analysés.
L'histoire nous montre que le progrès n'est pas linéaire, et qu'il peut mener parfois à des catastrophes « Cependant, si le progrès n'a pas toujours été un long fleuve tranquille, il a été néanmoins à l'origine d'acquis sociaux et économiques incontestables, il a contribué à l'augmentation de l'espérance de vie, au recul de la pauvreté, il a permis d'accéder à une énergie peu chère et à usage universel, l'électricité en l’occurrence, etc., même si le bien-être est inéquitablement partagé à l'échelle de la planète (près d'un milliard d'habitants n'ont pas encore accès à l'électricité). »
D'après l'auteur, la science « doit jouer le rôle d'une vigie de la démocratie, en contribuant à éclairer les débats publics », la lutte contre le réchauffement climatique, les pandémies, l'épuisement des ressources naturelles, les pollutions, etc., ne pouvant se faire sans que scientifiques, citoyens et politiques ne travaillent ensemble.