« ordinateur, cryptographie, Internet, spatial, etc. pourquoi le XXIe siècle sera quantique », de Julien Bobroff, Éditions Flammarion, octobre 2022. Pages : 337. Prix : 21 euros.

La première « vraie » révolution quantique a eu lieu il y a une centaine d’années. Elle a mené à des progrès énormes avec l’arrivée progressive des transistors, des lasers, des LED, etc.

L’auteur nous indique que la révolution actuelle est plutôt technologique, basée sur le contrôle des particules individuelles et de l’intrication. Ce changement a commencé en 1980 avec l’observation d’un ion de baryum (en réalité, on ne « voit » pas un atome… on mesure ses manifestations indirectes) et l’expérience de Alain Aspect entre 1980 et 1982. Et, dès les années 2000, sont envisagés des ordinateurs quantiques reléguant les ordinateurs actuels à des jouets d’enfants ! Pourtant, aujourd’hui, Julien Bobroff nous indique qu’il n’y a pas encore d’ordinateur quantique « utile », le taux d’erreurs étant important, ces erreurs pouvant être dues « à des réglages mal ajustés, des disparités entre qubits, ou tout simplement le bruit ambiant qui résulte des moindres variations de la température, du champ électrique, etc. ». Le gros défit est de maintenir les qubits intriqués durant toute la durée du calcul, s’il y a décohérence, tout est fichu ! L’auteur estime que, aujourd’hui, l’ordinateur quantique « est un quitte ou double risqué », mais que la science a fait mentir autrefois bien des non prédictions dans de nombreux domaines. Alors, possiblement pour quand ? Quelques années, ou quelques dizaines d’années ?

Mais la quantique se développe de plus en plus dans d’autres domaines, de la mesure du temps avec une précision extraordinaire (les horloges optiques quantiques pourraient n’afficher qu’une seconde de retard en 13,7 milliards d’années, l’âge de notre univers local) jusqu’aux applications médicales, en passant par des mesures précises de la gravitation (pouvant être, entre-autre, utilisées pour la surveillance des volcans).

Julien Bobroff porte aussi un regard sur la politique scientifique française, la comparant à ce qui se passe ailleurs, en Allemagne, aux USA. Et si la recherche quantique est un domaine d’excellence en France, il note que nos dirigeants vont en direction de ce qui se passe aux USA, « Ce faisant, ils donnent l’impression de n’en retenir que les carences : très peu de postes permanents, et une prime aux sujets à la mode et aux publications prestigieuses », en oubliant les qualités, une administration plus légère et une vraie reconnaissance par le privé.

Cet ouvrage est passionnant, mêlé de prudence et d’optimisme. Il nous montre en détail les réalisations en cours et les espoirs pour le futur. Ordinateur quantique ou pas, le XXIe siècle sera de toute façon bien quantique…