« pssst… ! de la rumeur aux fake news », de Hubert Krivine, Éditions De Boeck Supérieur, octobre 2022. Pages : 158. Prix : 15,90 euros.

Hubert Krivine décortique le fonctionnement de ce que l’on nomme aujourd’hui des fake news, qui, bien qu’ayant toujours existé, se sont plus facilement répandues avec l’arrivée de l’imprimerie, et enfin grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Il fait néanmoins la différence entre erreurs dues au manque de connaissances (et qui, donc, ne participent pas de la mauvaise foi), information trompeuse, mensonge délibéré, faits « alternatifs », post-vérité… Il note évidemment qu’une opinion n’est pas à confondre avec un énoncé scientifique.

Le besoin de croire est probablement si ancien qu’on ne peut mesurer son âge, et les diverses religions sont là pour nous le prouver. Mais il pourrait sembler que la science en soit protégée. Or, les scientifiques sont des êtres humains comme les autres ! Ils peuvent donc se tromper, et pour certains, rester enfermés (pour différentes raisons psychologiques ou non) dans leur erreur. L’autorité de la science et des experts peut aussi être remise en question à cause des politiques ou à cause de charlatans qui se parent des habits de la science. L’auteur traite ainsi de la Covid-19, des frères Bogdanov, d’Élisabeth Tessier, de Claude Allègre, des avions « renifleurs », des religions, etc. Il cite rapidement également les fake news « expérimentales » qui cherchent à étudier les réactions de la population (et des scientifiques...), telles « la guerre des mondes », et l’article de Sokal (qui était un canular chargé de montrer que, dans certains cas, même des chercheurs peuvent perdre leur esprit critique).

Hubert Krivine montre la facilité de confusion entre corrélation et causalité, l’intervention de biais variés : biais de confirmation, d’autorité, effet placebo,… Il montre également comment le mélange de vrai et de faux est plus efficace pour tromper, que le seul faux. Il note également qu’il y a beaucoup de choses que l’on ignore et qui ne correspondent pas à des fake news volontaires. Il précise : « En fait, la production de connaissances produit en même temps de l’ignorance, mais de l’ignorance dont on ne pouvait soupçonner l’existence, de l’ignorance qu’on ignorait. »

Un livre très salutaire à notre époque où les erreurs, et les rumeurs comme les manipulations, circulent à grande vitesse. Mais il est difficile de s’en prémunir totalement, tout au moins pour certaines d’entre-elles. Cet ouvrage nous y aidera certainement, au moins en partie.