« Kiev, journal de guerre » de Evgenia Belorusets, Christian Bourgeois Éditeur, mai 2022. Pages : 252. Prix : 18 euros.

Kiev, Février-mars 2022, journal de guerre d’une photographe-écrivaine ukrainienne durant le premier mois de la tentative de prise de la capitale du pays par la Russie.

Entre sidération, colère, interrogations sur l’avenir, Evgenia Belorusets illustre en images noir et blanc et par un récit quotidien la vie dans la ville, avec le bruit des missiles, les destructions, le ravitaillement, les alertes, les abris, l’entraide... Les nouvelles arrivent en décalé ou sont très édulcorées car il ne faut pas donner d’indications qui pourraient aider les envahisseurs. D’ailleurs, les plans de la ville destinés surtout aux touristes, sont recouverts de peinture afin que des saboteurs venus de l’extérieur ne puissent pas s’orienter.

Faut-il quitter la ville ? Mais c’est difficile lorsque l’on a de la famille âgée, malade ou handicapée que l’on ne peut laisser derrière soit.

Même pour une photographe, les prises de vues sont dangereuses car parfois suspecte… et « vous pouvez révéler quelque chose sans le vouloir. » nous dit-elle. Des rencontres permettent de se réconforter, mais parfois aussi la situation frôle le ridicule comme avec cette photographe de guerre étrangère et ses gardes du corps dont l’un lui dit : « Vous savez qui se trouve devant vous ? C’est l’une des meilleures photographe du monde ! » celle-ci répondant « Allons, je t’en prie, je suis gênée. » ! Et elle aurait incitée l’auteure (qui est aussi photographe…) à la suivre sur Instagram.

Aujourd’hui à Berlin, Evgenia Belorusets nous plonge ainsi dans ce premier mois de guerre, où la peur internationale de la Russie, et malgré les leçons de l’histoire du XX ème siècle, pousse les grands pays du monde à ne s’impliquer qu’indirectement...