« mon combat contre le trafic d’animaux sauvages » de Jean-Claude Vignoli, Éditions Favre, « récit », février 2023. Pages : 186. Prix : 19 euros.

Le trafic animalier est une plaie honteuse dans nos sociétés, et pourtant il prospère un peu partout dans le monde.

Jean-Claude Vignoli nous plonge dans un univers que nous ne connaissons finalement qu’assez peu, ici principalement en Afrique et en Asie. Il fait très clairement la différence entre le braconnier, bien souvent extrêmement pauvre, et le trafiquant, qui, lui, est le chef de réseau et dispose des revenus et des contacts… Le braconnier est facilement remplaçable, la mise en prison du trafiquant produit, elle, un coup d’arrêt au moins provisoire à l’exploitation animalière.

Ce qui est extrêmement intéressant (et inquiétant...), c’est de voir comment de petites associations d’activistes (« des petites CIA qui défendent les défavorisés, humains comme animaux » écrit-il) agissent en dehors de tout réel contrôle ! La vraie question (et l’auteur se la pose bien) c’est, est-ce que parce que l’on estime être du côté des «gentils» (ce qui est le cas ici, mais chacun peut-il en décider lui-même ?) on a, justement, tous les droits ? Jean-Claude Vignoli nous indique que sa ligne rouge personnelle est la torture… Mais que peut-il en être d’autres activistes, si c’est à chacun de définir ses propres limites ?

Après avoir lu cet ouvrage, plane donc un malaise. L’auteur nous indique qu’autrefois, militant pour les droits des êtres humains, il manipulait les dirigeants des états, qu’en Afrique il manipulait les trafiquants (et, on le voit, les policiers), alors, ce livre est-il destiné à nous alerter contre les dangers des associations dont les membres sont hors contrôle, ou alors de nous habituer au fait que, lorsque l’on est (ou pense être) du côté du « bien » il n’est pas nécessaire de respecter des règles éthiques ? Lutter contre l’impunité et la corruption, « effrayer les truands », peuvent-ils justifier, justement, l’utilisation de méthodes hors la loi ? Jean-Claude Vignoli indique « mes croyances du passé (note personnelle : de l’époque où il défendait les droits humains) ont fait place à un athéisme de forcené ». Serait il passé du côté «obscur» de « La Force » comme Anakin Skywalker, mais sans s’en être rendu compte ? (réf au film « La guerre des étoiles »).

Son ouvrage se termine par un conseil de prudence, certainement très justifié, à avoir envers les grandes associations de défense des animaux, une partie au moins des dons passant en « études » plus qu’en actions sur le terrain. Et, bien entendu, par un plaidoyer pour que chacun de nous agisse au quotidien à la protection de la nature.

A lire, donc, mais attentivement, avec recul, en se gardant de tout suivisme simpliste qui pourrait mener à justifier des actions où des innocents pourraient se retrouver impliqués (un exemple figure d’ailleurs dans l’ouvrage).