de Derrick Jensen, Éditions LIBRE, mai 2023. Pages : 408. Prix : 20 euros.

Le « suprémacisme humain » est de considérer que nous sommes nous, Homo sapiens, tout en haut de l’organisation du vivant. L’auteur cherche ici à nous démontrer l’anthropocentrisme irresponsable de cette démarche d’esprit. Il nous montre, à juste titre, que les « suprémacistes humains » choisissent des caractéristiques humaines comme comparaison avec le reste du vivant pour définir notre intelligence et notre supériorité. Il nous précise : « Ne pas être capable de conceptualiser ou d’accepter l’existence de formes d’intelligence ne ressemblant pas à la vôtre ne m’apparaît pas comme un signe de grande intelligence ».

A partir de nombreux exemples, il nous montre les capacités d’adaptation et de « réussite » dans notre environnement terrestre, allant des bactéries à différentes sortes d’animaux en passant par les champignons, les arbres et bien d’autres formes de vie.

Derrick Jensen démonte les « croyances indiscutées », et nous rappelle que bien d’autres que les Homo sapiens utilisent les outils, ont un langage, de la mémoire, et mettent en place des systèmes de défense contre les agressions par exemple.

Il met en opposition les sociétés traditionnelles et autochtones vivant en lien avec la nature (et donc la respectant), avec l’arrivée des sociétés modernes. Il considère que l’agriculture, l’industrie et la science ont été synonymes de ravages. Les formes sociales mises en place par le capitalisme ne profitent qu’à quelques uns ayant accès aux ressources, et mettent le plus grand nombre sous contrôle.

Aujourd’hui, nos sociétés font comme si c’était nous qui avions inventé la nature… et certains d’entre-nous y mettent leur « copyright ». Alors que nous sommes totalement insignifiants comparés aux bactéries par exemple !

Nous ne sommes pas non plus au sommet de la chaîne alimentaire : « Il n’y a que des cycles dans des cycles. Vous mangez le poisson qui a mangé le ver et, le moment venu, le ver vous mangera. »

Beaucoup de choses sont exactes dans les démonstrations de Derrick Jensen, mais le discours hyper-militant, et souvent méprisant hélas, de cet ouvrage nuit probablement beaucoup à la cause, pourtant légitime, défendue… Mais préférer la vie aux machines, la nature variée et luxuriante à un monde bientôt stérile, le respect de questions éthiques, sont à l’évidence des choses importantes pour le futur en général, et pas seulement pour les Homo sapiens.