« De la police de la culture à la police de la pensée », de Caroline Fourest, Éditions Grasset, septembre 2021. Pages : 160. Prix : 17 euros.

Dans les sociétés occidentale actuelles, la voix d’un individu ou d’une minorité peut s’imposer à tous et dégénérer en censure organisée… Caroline Fourest écrit dès l’introduction : « En mai 1968, la jeunesse rêvait d’un monde où il serait « interdit d’interdire ». La nouvelle génération ne songe qu’à censurer ce qui la froisse ou l’ « offense ». » et « Désertant l’esprit libertaire, elle passe sa vie à lancer des anathèmes ou des oukases. »

Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe occidentale l’individualisme et le repli sur soi dictent leurs lois. Chacun(e) se sent « offensé(e) », « agressé(e) » par « les autres » s’iels ne partagent pas strictement les mêmes idées. Censure et autocensure mènent le monde actuel. Tout est sujet à controverse, devient « appropriation culturelle » honteuse par exemple, et justifie intimidation et même violence dans une « chasse aux sorcières » quotidienne.

Caroline Fourest nous cite de nombreux exemples parfois risibles, parfois dramatiques, concernant l’éducation, des expositions, de la musique, des pièces de théâtre, des œuvres anciennes… d’inquisition par cette nouvelle police de la pensée qui se doit d’être unique, moraliste, identitaire et exterminatrice !

Aujourd’hui il faut réserver des « safe spaces », des entre-soi pour fuir le débat, la différence, avec refus de la mixité ou du métissage…

Éradiquer les préjugés et les inégalités ne peut se faire en se victimisant pour tout et pour rien, en refusant le mélange et le partage, et en exigeant des excuses à tout va ! Il est plus facile d’interdire que de créer, quand à exiger la réécriture du passé, elle est à méditer, car elle est extrêmement dangereuse et largement utilisée depuis longtemps par les intégristes et révisionnistes de tous bords.

Un bon livre pour réveiller un peu nos vieux désirs de liberté, de variété, de respect mutuel, idéalisés autrefois mais qui se sont perdus on ne sait où depuis 1968… Caroline Fourest écrit « je crains pour la liberté de créer, de penser, de dessiner et même de moquer ». Je la suis totalement sur ces points là.