de Carlo Rovelli, Éditions Flammarion, septembre 2023. Pages : 176. Prix : 19 euros.

Les trous noirs, imaginés depuis longtemps, ont vu leur existence prouvée et leur observation réalisée uniquement depuis peu. En sera-t-il de même bientôt pour les trous blancs ?

Carlo Rovelli commence par nous décrire ce qui se passe sur l’horizon des trous noirs, et comment, pour nous qui sommes des observateurs extérieurs tout semble s’y figer. Pourtant le temps local et les distances y sont normales pour les voyageurs spatiaux y pénétrant. Le temps ne s’arrête pas pour qui pénètre dans l’horizon, et ce temps n’y est ni moins « vrai » ni plus « vrai » que celui de l’observateur extérieur. La question n’ayant en réalité aucun sens ! Et, très contre intuitivement constate l’auteur, l’espace y étant très étiré dans cette zone, « les points situés juste à l’intérieur de cette surface sont infiniment loin des points situés juste à l’extérieur. ».

Pour revenir au trou noir lui-même, l’étoile qui s’effondre vers le « fond » du trou noir voit son temps immensément ralenti, et des millions d’années à l’extérieur peuvent y correspondre à une fraction de seconde à l’intérieur.

Lorsque la déformation de l’espace et du temps réduit tout à l’échelle de Planck (le plus petit « morceau » d’espace possible) nous aurions alors une « étoile de Planck » et les équations d’Einstein ne seraient plus valides, laissant la place à des phénomènes quantiques de l’espace et du temps… permettant la transformation en trou blanc.

La gravité quantique « à boucles » soutenue par Carlo Rovelli, Lee Smolin, Aurélien Barrau et quelques autres, « donne les probabilités des sauts d’une configuration de l’espace à une autre », alors que la mécanique quantique « ordinaire » donne des probabilités dans l’espace.

Rien, depuis l’extérieur, ne pourrait différentier un trou noir d’un trou blanc. Toute masse déformant l’espace, elle permettrait à quelque chose de tomber dans le trou blanc, mais d’en ressortir avec la matière qui en sort déjà… en un temps qui peut être très grand vu de l’extérieur.

Alors, les trous blancs existent-ils ? Rien ne permet de l’affirmer aujourd’hui. Mais ils sont au moins théoriquement possibles.

Carlo Rovelli nous a concocté ici un ouvrage remarquablement simple d’accès. Il nous montre qu’il n’est pas nécessaire d’être physicien pour s’imaginer plonger dans un trou noir et en ressortir par un trou blanc ! Enfin…. Probablement pas entier. Même un lecteur peu scientifique y trouvera à s’émerveiller de l’imagination des astrophysiciens, imagination qui parfois devient réalité. Est-ce que cela sera le cas concernant les trous blancs ?