de Vicdoux, Éditions Lapin, février 2024. Pages : 96. Prix : 14 euros.

Cette bande dessinée m’a déçu… , vraiment.

Bien sûr je ne m’attendais pas à découvrir un travail de recherche tel l’ « Histoire du poil » écrite par des chercheuses et chercheurs sous la direction de Marie-France Auzépy et Joël Cornette (université Paris VIII). Mais ici, dans cette BD, il s’agit simplement de diffuser la doxa du moment : « nous les femmes, victimes » et « c’est la faute au patriarcat ». Quid du rôle capital des religions en quête de soi-disant « pureté » (chez les hommes comme chez les femmes), entre autres, et plus particulièrement aujourd’hui des entreprises qui « font leur beurre » sur le rasage et l’épilation et qui n’ont rien à faire du patriarcat puisque ce n’est que l’argent qui les intéresse ? Et quid des modes au fil du temps (et valables aussi bien pour les hommes que pour les femmes) ? Qu’il s’agisse de poils ou de couleurs (le rose a été une couleur « d’hommes » par exemple), selon les cultures et les époques les visions ont varié (et continent à varier) du tout au tout.

Il n’était d’ailleurs pas nécessaire d’aller bien loin pour se rendre compte de la choses, il suffisait simplement de discuter avec les ancien(ne)s comme moi. Jeune adulte fin des années 1960 et durant les années 1970, et alors que la mode était au « retour vers la nature », je peux vous assurer que j’ai rencontré beaucoup de femmes qui ne s’épilaient pas. Et pourtant le « patriarcat » (ce mot est censé clore toute discussion possible aujourd’hui) était bien plus présent qu’aujourd’hui.

Les problèmes sont identiques concernant les hommes. Il y a quelques années, qu’un présentateur télé se soit présenté avec une barbe de deux jours à l’antenne et vous pouvez être assurés qu’il aurait été renvoyé sur le champ car il aurait été considéré comme « sale ». Aujourd’hui, et heureusement, cette pratique « du poil » est fréquente sans poser de problème la plupart du temps.

La vision transmise ici n’est que centrée sur « nous, les femmes », sans montrer que « eux, les hommes » sont dans la même situation. Nous sommes TOUS et TOUTES influencés par la société (et l’époque) dans laquelle (lesquelles) nous vivons. Et si, donc, simplement, on laissait choix et responsabilité à chacun(e) de se sentir bien, ou mieux, avec ou sans poils ? Se poser des questions et tenter de résoudre les problèmes peut s’effectuer avec les autres et non contre les autres. L’interview finale tempère un peu les choses, mais c’est le contenu de la BD qui restera encré principalement chez lectrices et lecteurs. Nous sommes des victimes et c'est le patriarcat qui en est la cause. Dommage.