« Jean-François Clervoy », par Frank Lehot, Éditions De Boeck Supérieur, octobre 2022. Pages : 288. Prix : 19,90 euros.

Ce qui rend cet ouvrage particulièrement intéressant, c’est qu’il ne se cantonne pas à nous décrire la vie quotidienne d’un astronaute dans l’espace, que l’on commence à bien connaître, ou le pourquoi il est arrivé à ce métier ; ici Jean-François Clervoy aborde des interrogations bien plus larges sur des questions contemporaines : l’évolution du climat de la Terre, les réseaux d’information et les « fake news », le futur de l’Humanité, le tourisme spatial, l’exploration lointaine de l’espace, et même la vie dans l’Univers.

Jean-François Clervoy soutient une association de protection de l’environnement située en Polynésie française, « Te mana o te moana », qui s’occupe de la sauvegarde de l’environnement marin et des tortues marines, et à laquelle les droits d’auteur de cet ouvrage sont reversés.

Frank Lehot, par ses questions ouvertes et variées, permet à Jean-François Clervoy de rebondir de manière précise sur un métier qu’il considère comme très particulier et dans lequel « on ne fait pas carrière ». Il note d’ailleurs sa profonde transformation entre les années 1960/1970 et aujourd’hui. Et si compétence et « chance » restent présentes lors des sélections, les pilotes et pilotes d’essais des premiers temps, qui monopolisaient (à juste titre) la profession, ne se trouvent aujourd’hui pas plus nombreux que les scientifiques au sein des agences spatiales.

Les critiques récurrentes sur les budgets, sont mises à mal. L’astronaute nous indique que le coût annuel en France de la conquête spatiale n’est que de l’ordre de 1 euro par citoyen et par an, et que les retombées civiles sont nombreuses, aussi bien en emplois, qu’en conception d’instruments médicaux miniaturisés, de textiles, de technologies de recyclage (celui-ci étant indispensable dans l’espace), de recherches sur les énergies, etc.

Il nous parle de devoir de transmission auprès du public, auprès des écoliers, des étudiants, mais aussi d’éducation en général. Il estime que la part des sciences doit rester importante mais, dit-il : « Il faut favoriser dès l’école cet équilibre entre l’acquisition des sciences et le développement de la créativité. Sans oublier aussi la culture générale. » L’enseignement doit être adapté à chacun, et il est important de laisser le temps « au déclic » de se mettre en place dans l’acquisition des connaissances.

L’ouverture d’esprit de Jean-François Clervoy le mène à faire partie de la commission Sigma-2 de l’Association aéronautique et astronautique de France, qui, comme le GEIPAN (Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, du Centre National d’Études Spatiales français), étudie les « OVNI » de manière scientifique, afin de trier ce qui est à l’évidence un phénomène naturel d’avec le très faible pourcentage de ce qui reste inexpliqué.

Un excellent ouvrage, passionnant, qui plaira à tous, grand public ou plus initié, de par la qualité des interrogations et des analyses. A offrir sans hésiter pour Noël !