de Etsu Sugimoto (1874-1950), Éditions Bartillat, mai 2023 (1ère édition américaine en 1925, 1ère édition française en 1930). Pages : 316. Prix : 22 euros.
L’autrice nous entraîne dans le Japon de son enfance et de son adolescence, à une époque charnière passant du féodal à une ère moderne s’ouvrant au monde extérieur et bousculant les traditions anciennes.
Son père, samouraï et ancien gouverneur de la province Echigo à l’ouest-nord-ouest du Japon, s’est retrouvé parmi les vaincus du passage à l’ère Meiji, perdant ainsi beaucoup de ses privilèges. Etsu, sa dernière fille (il a également eu un fils et une autre fille) était destinée à être prêtresse : « A ma naissance j’avais le cordon ombilical enroulé autour du cou comme un rosaire de prêtre et la superstition voyait là un commandement direct de Bouddha. ». Malgré cela, son père l’a faite instruire de manière plus ouverte que les autres jeunes filles, si bien qu’elle a reçu les leçons destinées aux filles et aux garçons au cas où un jour elle se retrouverait en position d’héritière…
Dans le Japon ancien les femmes étaient considérées inférieures aux hommes, mais si l’homme était le chef de famille, la femme était cheffe de la maison. Chacun(e) régnait dans son domaine. Etsu Sujimoto nous plonge dans les nombreuses traditions anciennes qui se confrontent au monde nouveau. A la fin de son adolescence, un mariage est arrangé avec un marchand japonais vivant aux États-Unis. Elle émigre donc et découvre un nouveau mode de vie auquel elle s’adapte. A la mort de son mari elle revient au Japon pour quelque temps, mais ses deux petites filles ont un peu de mal avec cette nouvelle culture plus rigoureuse et qui laisse moins de place à l’expression des sentiments. L’ouvrage se termine donc au moment d’un retour aux USA.
La transition qui nous est montrée, fin du 19ème / début du 20ème siècle, avec ses conflits entre tradition et modernisme, marque ici aussi celle de l’émancipation d’une jeune femme. Ce récit est passionnant et n’a pas pris une ride !